Former les chômeurs au «savoir-être». C'est la volonté du directeur général de Pôle emploi, Jean Bassères, candidat à sa succession pour un troisième mandat à la tête de l'organisme. «La nécessité d'améliorer les savoir-être, au-delà des savoirs et des savoir-faire, nous est soulignée par les employeurs, a-t-il déclaré le 5 décembre lors d'une audition au Sénat. On travaille actuellement à concevoir une prestation pour aider les jeunes - mais pas uniquement les jeunes - à progresser en la matière». Mais qu'entend-il par «savoir-être»? Dans quelle mesure les employeurs y sont-ils attentifs? Et peut-on y être formé?
La notion de «savoir-être» est différente de celle de «savoir-faire» (les compétences techniques). On parle également d'intelligence comportementale ou de soft skills (en anglais, littéralement «compétences douces»). Parmi ces qualités on trouve: «la résolution de problèmes, la capacité à travailler en équipe, la prise de parole en public, la gestion du temps, des émotions et du stress, ou encore l'écoute, la motivation, la créativité, la capacité à s'adapter, l'empathie, l'attention», énumère Jérôme Hoarau, coach et consultant en soft skills et co-auteur de l'ouvrage Le Réflexe Soft Skills (Dunod, 2014). «Ce sont autant de compétences qui permettent aux personnes de se différencier dans le monde du travail ou lors d'un entretien d'embauche» assure-t-il.
Intérêt croissant pour les «softs skills»
Ces compétences comportementales suscitent de plus en plus l'intérêt des entreprises. «Dans une économie qui se tertiarise, alors qu'on est de plus en plus amené à travailler à plusieurs, le savoir-être est de plus en plus important», explique Bénédicte Ravache, secrétaire nationale de l'Association nationale des DRH. D'après une étude de Pôle emploi sur les compétences attendues par les employeurs, 64 % des entreprises font de la polyvalence et de la capacité d'adaptation leur premier critère de sélection lors des recrutements, 60 % estiment que c'est l'expérience professionnelle qui doit primer et seulement 46 % placent la formation comme facteur numéro un. Les attentes des recruteurs en soft skills varient d'un secteur et d'un métier à l'autre. Dans le commerce de détail par exemple, 60 % des employeurs citent le bon relationnel et la bonne présentation parmi les trois principales compétences attendues. L'expérience est jugée moins prioritaire, de même que la formation.
«On se rend compte que le diplôme et le CV ne font pas tout. On cherche aussi à évaluer l'adéquation du candidat à la culture et à la façon de travailler dans l'entreprise», précise Bénédicte Ravache, de l'ANDRH. Par exemple, «un terrassier avec tous les diplômes qu'il faut pour faire ce métier, mais sans aucun sens du service ou incapable d'interactions avec les autres, ne trouvera pas forcément de travail. L'intelligence de situation est un facteur déterminant dans le monde du travail», ajoute-t-elle.
source : https://www.lefigaro.fr/social/2017/12/09/20011-20171209ARTFIG00011-qu-est-ce-que-le-savoir-etre-au-travail.php